Changzhou
Après un mois passé ici, je rêvais de ce week-end où j’allais enfin avoir 2 jours entier, rien que pour moi. Et mardi dernier, surprise, une de mes collègues chinoises, Olivia, me demande si je peux l’accompagner à Changzhou, à 1h20 de Shanghai. Ses distributeurs sponsorisent Toyota, qui organise une soirée avec ses clients. Je râle, puis négocie : on visitera dimanche, et j’obtiens mon lundi de repos. Olivia me demande donc de faire un petit Power Point très général sur les bases du vin, et s’occupe d’organiser le voyage : billet de train et réservation de l’hôtel pour le samedi soir.
SAMEDI
Nuit de 4 heures seulement le samedi, RDV avec Olivia, et direction la gare ! Le hall est immense, et envahi de monde. 1er trajet en train, moderne et confortable, tellement que j’ai dormi pendant tout le trajet donc aucune idée du paysage… Arrivées à Changzhou, les 2 distributeurs viennent nous récupérer et nous conduisent à Toyota. Et là, je découvre une immense salle avec 200 places assises, une estrade et des écrans géants. Tiens, c’est amusant, ils font souvent des conférences à Toyota ? Non non, c’est juste pour l’événement de ce soir… Haaa, c’est intéressant ! Donc ma petite présentation Power Point que j’ai faite à la va-vite et que j’ai déjà oubliée, je vais devoir la faire, non pas en comité intime avec 7-8 clients comme je le pensais mais là, sur cette scène !? Et bien oui. Filmée, avec retransmission sur écrans géants et 150 personnes dans la salle. Là, je peux commencer à stresser ? Pas le temps, on file au restaurant où l’on sert de la nourriture typiquement Changzhouienne (comment ça, ça ne se dit pas ?).
Aparté : petites explications sur les repas chinois
Très souvent, les repas ont lieu autour d’une table ronde possédant un plateau tournant. Chacun se sert directement avec ses baguettes, et plus il y a de monde, plus c’est drôle : tu te concentres fortement pour essayer d’attraper la tomate cerise avec tes baguettes, et hop, trop tard ta chance est passée car quelqu’un a déjà tourné le plateau.
Ainsi se déroulait notre dîner. Très bonnes spécialités au départ (nouilles sautées, légumes…) qui se sont gâtées par la suite. Il faut savoir que les 2 mets que j’affectionne particulièrement en France, à savoir le poisson et la soupe, ici, je les fuis comme la peste.
- Le poisson est bouillit ou frit, impossible à manger avec des baguettes, plein d’arrêtes et très honnêtement, pas bon du tout.
- La soupe est très souvent au poisson avec les têtes qui flottent en surface. Et si on a encore plus de chance, s’ajoute une sorte de tofu dont la consistance d’apparente au foie, et au goût de poisson. Je pense que ce n’est pas la peine de préciser que ce n’est pas mon plat favori…
C’était donc ce genre de plats qui suivaient durant noter dîner. Impossible de refuser d’en prendre, puisqu’on l’avait commandé, justement pour me faire goûter. Donc comme dans les films, j’évite de respirer, je prends une cuillerée que j’avale directement, tout en forçant un sourire. Evidemment, je n’ai pas osé dire que je n’aimais donc j’ai justifié mon bol encore rempli par le fait que je n’avais plus faim : « wô bao le, wô bao le… ». Encore un peu écœurée, je tente de faire passer le tout avec mon bol d’eau de riz, qui est, comme son nom l’indique, l’eau dans laquelle on a fait cuire le riz et qu’on a récupérée (en gros c’est fade).
Nous voilà partis à la soirée Toyota. Avant ma présentation, il y a tout un blabla sur les voitures, les moteurs, la nouvelle huile révolutionnaire qui va changer votre vie… Alors déjà qu’en français, ce n’est pas ce qui me passionne le plus, alors en chinois, non traduit en anglais, je vous laisse imaginer.
Petite anecdote absolument pas à mon avantage, à un moment donné, le présentateur prononce mon nom. Olivia me prends par le bras et me dis d’y aller. Je me lève donc, me dirige vers l’estrade et… reste plantée là, comme une idiote ! Car en réalité, Olivia m’avait seulement demandé de me lever… Lorsque j’ai compris mon erreur, j’ai souri et je suis gentiment retournée m’assoir (m’effondrer), cramoisie, sur mon fauteuil. Le genre de chose qui vous met parfaitement à l’aise avant de parler devant le même public de 150 personnes.
Finalement, on prononce de nouveau mon nom. Cette fois, c’est la bonne, je me lève, accompagnée d’Olivia qui sera chargée de traduire mon discours en chinois. On me remet le micro et je monte sur la scène (tiens, j’hésite, je tente une petite chanson en direct ?). Et là, ô miracle, je suis totalement éblouie par les projecteurs. Résultat : je ne vois absolument pas l’assemblée, et c’est tout de suite plus confortable.
A la fin de ma présentation, Olivia m’avait demandé de préparer une question au public, et celui qui donnerait la bonne réponse deviendrait l’heureux propriétaire d’un tire-bouchon (la chance !). Je craignais vraiment le bide, mais quelqu’un a répondu (je l’aurai embrassé), en chinois, mais bon vu qu’Olivia lui a remis son merveilleux cadeau, j’en ai déduit que c’était juste.
Ca y est, c’est fini, je retourne m’assoir. Mais non, je ne suis pas au bout de mes surprises… Une des organisatrices me demande de faire le tirage au sort. OK, piocher un petit bout de papier et le remettre au présentateur, ça, je peux faire. Sauf que l’animateur me demande de prononcer à haute-voix le nom du gagnant. Malheureusement, malgré toute la bonne volonté du monde, mes 2 cours de chinois ne me permettent pas encore de lire les caractères… Mon voisin me souffle gentiment le nom, que je tente tant bien que mal de répéter. Olivia me dira par la suite que j’ai prononcé « chien bouillit » au lieu du nom. Pour me rassurer, elle a rajouté que ce n’était pas grave, ça avait fait de l’animation. Super.
Après cette interminable soirée, direction l’hôtel. Je partage ma chambre (très correcte au demeurant) avec Olivia, et on vient seulement de s’installer qu’on reçoit un coup de fil. C’est une « girl » me dit Olivia. Ha oui, très bien, qu’est-ce qu’elle voulait ? Non tu ne comprends pas me répond-elle, c’est une « girl », qui propose ses « service ». Une.. haaa, d’accord ! Et apparemment, c’est tout à fait fréquent d’être déranger par ce genre de coup de fil dans les hôtels. Maman, je te préviens, non, papa n’a pas encore d’amante chinoise, c’est courant ces coups de téléphone…
Bref, je m’effondre sur mon lit, ce dont je rêvais depuis un moment…
DIMANCHE
Un petit-déjeuner… varié !
1er petit-déjeuner chinois. Petit-déjeuner ? C’est sûr, je n’ai pas dormi jusqu’à midi ? Parce que le buffet est celui… d’un vrai repas : nouilles, viandes, légumes… J’opte pour un classique œuf au plat et un bol qui s’est avéré être un bol de riz sucré, assez bon.
Achat des billets de train pour le retour, et les 2 distributeurs chinois passent nous prendre pour une journée de visite dont j’ignore encore le programme, et dont la fin s’est avérée aussi sympathique que le début était pénible.
1h30 de route et l’on s’arrête enfin… pour manger ! Il est 11h20, heure du déjeuner chinois. Rebelote, les plats défilent et je me force à tester de tout sous l’insistance d’un des distributeurs. (N.B. : je pense sérieusement à devenir végétarienne pendant mon séjour en Chine). Un autre plat arrive, que l’on pose devant moi, et la serveuse soulève le couvercle. Bon, vous vous souvenez de la réaction d’Indiana Jones dans le Temple Maudit, devant la soupe aux yeux (et non aux œufs) ? J’ai dû faire à peu près la même tête devant cette soupe où flottaient des morceaux de serpent, enfin, c’est ce que j’ai deviné par les écailles… Et c’est ce que m’a confirmé mon voisin (« Vous avez déjà goutté du serpent ») en me servant une bonne louche dans mon bol. « Allez-y, goûter, je l’ai commandé pour vous » ! Ah, quelle délicate attention ! J’apprends alors que c’est un met recherché des femmes, puisqu’il contribue à leur beauté. Là, tout de suite, je ne vois pas bien le rapport entre manger des écailles et avoir une jolie peau, mais je saisis tout de même un morceau avec mes baguettes (Surtout, ne pas respirer…). Je tente une bouchée, et c’est tout simplement… aussi immonde que ça en à l’air ! (ha, vous croyiez que j’allais dire que j’avais adoré, hein ?). Là, j’ai tout de même osé dire que je n’aimais pas et j’ai enchaîné sur un bol de riz pour faire passer le goût. Un riz noir, dont j’avais vu le plat traîner dehors, et dont l’hygiène me semblait douteuse, mais il fallait absolument que je mange autre chose.
Le déjeuner s’éternise, je ne comprends toujours pas le chinois (j’ai oublié de préciser qu’on était 7 en tout, avec les distributeurs, leur famille, et Olivia LA SEULE à parler anglais).
On reprend enfin la voiture, et je regarde par la fenêtre, frustrée de ne pas profiter de cette belle journée. Mais le paysage change, et on passe devant des champs de thé. C’est la saison de la cueillette, et l’on voit plein de chapeaux chinois disséminés, seules tâches beiges parmi cette étendue de vert. Vraiment joli.
On s’enfonce dans la montagne, et on arrive très vite au lieu de visite programmé. Enfin ! Devenue pessimiste sur le déroulement de la journée (ça doit être l’effet serpent), je découvre l’endroit avec une
On débute par une visite spéléologique. Immense grotte, quelques statues et des signes chinois peints de temps à autres entre les stalactites. On prend une petite barque, qui manque de se renverser au passage, et on retrouve la lumière.
En pleine forêt, on s’essaye à une série de jeux : tir-à-l’arc, lancée d’anneaux…
Je visite mon premier temple, et c’est l’occasion de ma première prière (je joue le jeu). Le moine me donne 3 bâtons d’encens, que j’allume et que je place dans le bac à sable du gros Bouddha (ça doit être un pléonasme). Puis je m’agenouille, et sous les conseils d’Olivia, je me baisse 3 fois, pendant que le moine sonne 3 coups de cloche réguliers. Il s’agit en fait de 3 prières : l’une pour le passé, l’autre pour le présent, et la dernière pour le futur. Bon, la prière, c’est fait, suite de la visite.
Nous montons dans des nacelles, direction un temple beaucoup plus haut que l’on devine sur les hauteurs. L’extérieur du temple, d’architecture typique, est plus joli que l’intérieur, rempli de figurines de Bouddha kitchissimes. Pour être honnête, cela m’a rappelé les visites de certaines églises, où l’on rentre pour dire qu’on y est rentré, et qui sont remplies de vieux bibelots. (N. B. : non, je n’insulte pas ces lieux de culte, c’est juste pour préciser que je n’utiliserai pas le même design pour mon appartement…)
On ressort et pour redescendre : toboggan ! J’enfile donc une bâche bleue très sexy, et me voilà rapidement en bas. Après toutes ces émotions (non, je plaisante, je m’en suis remise quand même de ma descente en toboggan), on reprend la voiture. La prochaine étape est une très agréable surprise.
Yi Xing est une petite ville, réputée pour sa culture du thé. Connue depuis l’époque des Song (960-1279) pour son argile violette appelée Zishayao, ses théières sont réputées dans toute la Chine pour leur capacité à retenir les arômes de chacun des thés. Autrefois, chacun transportait sa théière, d’où leur petite taille.
Le but est de m’initier à cette tradition ancienne et particulièrement raffinée. Nous nous rendons dans une rue remplie de boutiques où l’on trouve toutes sortes de théières et de tasses. Je me demande comment ces boutiques font pour être rentable financièrement, étant donné leur nombre… Ce n’est pas tous les jours qu’on renouvelle son service à thé pourtant ! Le magasin où l’on s’arrête est celui d’un ami d’un des distributeurs. Designer pour théière apparemment très connu, ses œuvres sont magnifiques, particulièrement raffinées et toutes faites à la main. Je tombe en admiration devant une des tasses, qui m’a été offerte en cadeau ! Super souvenir.
Nous buvons ensuite du thé, et j’assiste à la véritable manière de servir du thé (Cf. Vidéo). Un filtre, du thé vert ou noir, et on verse l’eau bouillante en débordant très largement de manière à rincer l’extérieur de la théière. Idem pour les tasses. Nous visitons ensuite 3 autres magasins, dont le rituel est le même. C’est très drôle : au lieu de faire la tournée des bars en testant différentes bières, ici, on fait la tournée des magasins pour se faire offrir le thé ! Moi qui adore ça, je suis servie.
On termine par la visite de l’atelier du designer, qui nous montre ses plus belles œuvres. Une des théières est aussi originale que magnifique. Il m’explique qu’il a gagné de nombreux concours grâce à elle, et qu’elle vaut la modique somme de 2000 euros ! Maladroite comme je suis, je la remets vite fait entre ses mains…
Voilà pour la fin de la visite, nous rentrons donc en train avec Olivia et me voilà de retour chez moi.
Prochaine étape : Beijing ! Je me rends chez ma cousine Clémence pour un week-end de 3 jours. Au programme notamment : visite de la muraille de Chine ! J’ai trop hâte !